Après une excellente édition intégrale des aventures d’Albator, Kana revient avec une compilation de 24 histoires brèves du papa du corsaire, j’ai nommé Leiji Matsumoto.
Au programme, des nouvelles douces-amères, teintées d’ironie, d’espoir et parfois même de fatalisme.

A l’origine, ces histoires ont été écrites afin de toucher un public masculin adulte (il suffit de voir les jeunes filles dénudées) et ainsi satisfaire la ligne éditoriale de l’époque qui souhaitait plus de sexe pour vendre.
L’auteur s’en amusera d’ailleurs dans le récit « Serment d’amour et de mort sous le soleil de minuit » où il fera parler en voix off les présumés lecteurs de ce genre de récit. Un pied de nez à la direction éditoriale et d’une certaine façon à ce public averti.

« Quoi ? Ils ont déjà fini ? Crétin ! Ils vont pas faire ça devant tout le monde. N’empêche que si on les voit pas baiser, les lecteurs vont trouver ça nul. Les lecteurs ne sont pas tous comme ça. »
Serment d’amour et de mort sous le soleil de minuit

Au travers de ces 24 histoires qui se déroulent en des endroits et époques différentes du « Leijiverse » (Albator fait une apparition dans 2 de ces histoires), M. Matsumoto tente une approche subtile de la sexualité et la place au service de la survie de l’espèce. En effet, tous ces récits sont basés sur cet impératif, par l’alimentation ou la reproduction, l’homme doit survivre et perpétuer l’espèce. Que ce soit dans un futur apocalyptique ou un sombre passé, M. Matsumoto trace une boucle dans l’histoire de la condition humaine afin de nous rappeler que ce qui est déjà arrivé peut encore se produire.

« Alors que je pensais voyager vers le futur, j’ai subitement réalisé que je me dirigeais vers le passé. C’est très étrange. Peut-être que le temps forme une boucle ? »

UFO 2001

Les personnages de Leiji Matsumoto sont toujours facilement identifiables. Il y a d’abord les hommes, qui se divisent en deux catégories : les hommes beaux et les petits gros. L’auteur aime d’ailleurs jouer sur l’apparence pour tromper le lecteur en inversant parfois l’apparence et le caractère afin de ne plus savoir qui est bon ou méchant. Viennent ensuite les femmes, grandes, belles, aux longs cheveux, coquines et malignes, et qui ont toujours des yeux magnifiques. Il n’y a toujours qu’un seul type de femme et tout comme Tokiko Katô dans sa postface, je pense que la femme est l’idéal de l’homme, un idéal de perfection et de ce fait elle ne peut être que belle.

Fan du « Leijiverse » ? De SF ? Ou simplement en quête de réflexions philosophiques ? Je vous invite à lire et à savourer ces 24 petites histoires. À lire au compte-goutte en les ponctuant d’un temps de réflexion quant à la morale ou l’idée véhiculée par l’auteur.

Bonne lecture